Mieux comprendre son cheval grâce à l’equifeel

“La parole représente seulement 10% de la communication avec son poney ou cheval, le reste est du para-verbal : ton, volume, timbre, etc. de la voix – et du non-verbal : positions corporelles, gestes, etc”, annonce Christine Gallou, experte fédérale en préambule d’une initiation d’equifeel au Parc équestre fédéral. Focus sur cette discipline qui permet, tout en restant à pied, de mieux comprendre son compagnon à quatre jambes et de gagner en complicité avec lui. Une activité porteuse de bienfaits pour les cavaliers, les équidés, et les clubs ! 

L’equifeel, c’est quoi ?

Pratiqué à pied, l’equifeel est l’une des 36 disciplines sous l’égide de la Fédération Française d’Équitation (FFE). Elle est apparue en 2004, et existe sous sa dénomination actuelle depuis 2008.

L’equifeel est composé de tests ludiques où le cavalier choisit des niveaux de difficulté et de contrat pour mettre en valeur sa complicité avec son cheval. Christine Gallou, experte fédérale et dirigeante des Écuries de la Futaie à Marcoussis (91), précise les valeurs de la discipline : “Il s’agit de pouvoir mieux comprendre son poney ou cheval et ses réactions. Outre les aspects de confiance et de respect du cheval, l’aspect sécurité est également intéressant. Plus le cheval est éduqué à pied, plus il prend en considération son piéton, et moins il y a de risque.”

En equifeel, 23 exercices – appelés dispositifs – existent actuellement. La discipline est en constante évolution puisque des tests ont été ajoutés et/ou supprimés au fil des années, afin d’ajouter des difficultés. Aujourd’hui, on retrouve par exemple : les transitions, le déplacement latéral, le slalom, le huit, le carré, le van (uniquement à partir de la Club Élite en compétition), le trèfle à 4 feuilles, le compas, la bâche, etc.

Une pratique accessible à tous

Pas besoin d’être équitant pour pouvoir pratiquer l’equifeel. Il s’agit d’une discipline que les poney-clubs et centres équestres peuvent proposer à tous les publics, petits et grands, même débutants, qui peuvent ainsi appréhender l’équitation à travers une discipline douce et n’impliquant pas de monter à cheval. “Je dirais même que c’est mieux de débuter l’équitation de cette façon, cela apprend à manipuler un équidé à pied. Cela donne toutes les bases”, précise la Francilienne, qui a vécu son premier championnat d’Equifeel en tant que déléguée technique en 2007 et ajoute que “certaines personnes commencent à monter par ce biais-là. Souvent, les mamans qui accompagnent leurs enfants ont envie car elles aident à préparer, mais elles ont cette peur de monter. Alors elles commencent par des initiations d’equifeel. Quand cela leur plaît, elles prennent des cours, puis elles sont nombreuses à franchir le pas ensuite.” 

Une occasion d’accueillir un autre public que confirme Christophe, moniteur au centre hippique du Bois d’Achelles (59), dont les élèves se sont initiés à l’equifeel en avril lors d’un stage club : “C’est une découverte. Si les jeunes ont envie d’aller plus loin, de se perfectionner, quelqu’un du club se formera pour pouvoir ouvrir des créneaux. Cette discipline à pied, douce, est très bien car nous pouvons la proposer aux parents qui viennent accompagner leurs enfants, à travers des initiations et des stages. Cela montre aussi aux plus jeunes qui ont un peu peur d’un grand poney, qu’ils peuvent gérer leur rapport avec ce dernier alors que cela peut leur paraître compliqué. Enfin, cette discipline fait voir le cheval différemment, et incite à se remettre en question.”

L’accessibilité de l’equifeel est renforcée par le peu de matériel nécessaire à sa pratique. “Très souvent au début, le licol est prêté – on peut utiliser un licol plat, mais un en corde avec une longe de 3,70m est mieux qu’une longe de 2m – et on peut même commencer avec un stick de dressage. Les gens investissent ensuite dans leur propre matériel.” Il n’y a donc besoin de rien, si ce n’est un casque, sécurité oblige ! Une façon de démocratiser l’équitation et de la rendre accessible au plus grand nombre. 

Pour le loisir… ou la compétition

Relativement simple à mettre en place à travers des initiations grâce à une formation préalable des moniteurs, cette discipline regorge d’avantages. Elle fait des cavaliers de meilleurs hommes et femmes de chevaux, à l’heure où le bien-être animal est non négociable. “L’equifeel transmet le respect de l’animal, apprend la communication, comment les chevaux perçoivent les choses et comment leur demander. Les cavaliers, jeunes ou moins jeunes, vont parfois réagir brusquement à quelque chose, ne pas comprendre pourquoi la réaction de leur équidé, s’énerver et rentrer dans un cercle vicieux. C’est intéressant de comprendre le pourquoi des choses et le fonctionnement. Cela fait partie de l’équitation ; le cheval n’est pas une trotinnette que l’on prend et que l’on remet ensuite au box. Pour avancer et progresser, il faut comprendre l’animal”, abonde Marine, monitrice au haras du Mélantois (59), où des cours d’equifeel sont déjà proposés. Une pratique qui permet également une meilleure éducation de la cavalerie. Alors, licencié, équidés, dirigeants, tout le monde sort gagnant !

À noter que pour les plus compétiteurs, plusieurs niveaux de concours existent : Shetland (les dispositifs les plus compliqués sont retirés, pour les enfants de 12 ans et moins uniquement), Club Poneys, Club 2, Club 1 (l’organisateur choisit 5 tests dont 2 peuvent être aménagés – exemple : rajouter une bâche, faire des tours supplémentaires, etc, ou en inventer un), Club Élite (5 tests créés). Le cavalier choisit à chaque fois le contrat de son choix, qui lui rapporte 10 points, 15 points ou 20 points selon la difficulté. Des points bonus pour le temps (test réalisé dans un temps déterminé) et la fluidité sont également accordés. Enfin, chaque année, l’equifeel est représenté à l’occasion du Generali Open de France ! 

“Avant la crise sanitaire, le nombre de compétitions existant avait augmenté. Quand les clubs sont retournés en concours, ce n’est pas la discipline qu’ils ont priorisé. Il y a beaucoup d’indépendants, et j’aimerais que les clubs s’y mettent plus. C’est pour cela que je participe aux stages clubs au Parc équestre fédéral pendant les vacances scolaires, car je crois en cette discipline, je l’aime et j’ai envie de l’exporter”, conclut Christine Galloux. Nul doute qu’avec ces nombreux avantages, l’equifeel saura séduire de plus en plus de cavaliers, structures équestres et faire toujours plus d’adeptes.

Article FFE